> L’échange entre l’humoriste et la présentatrice de «Quelle Epoque» ainsi que le silence gêné qui a suivi sont révélateurs d’un changement profond dans la société française et rappellent que ne pas boire, ce n’est pas «être chiant».
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> Samedi soir, dans son émission Quelle Epoque !, l’humoriste Artus était invité à promouvoir son dernier film, Un petit truc en plus, une comédie qui se déroule dans une colonie de vacances pour personnes handicapées. Au moment où Léa Salamé lui demande quel est son «petit truc en plus» pour se blinder contre les angoisses, il répond tout de go : «J’ai fait plein de petits trucs en plus et ça va beaucoup mieux. J’ai arrêté de boire, j’ai arrêté de fumer.» La réaction de la présentatrice est sans appel : «Ah, vous êtes devenu chiant ! Non mais je veux dire, vous n’êtes plus angoissé mais vous êtes chiant.» S’ensuit un échange musclé où Artus défend sa décision : «Mais quoi ? Mais je vous emmerde ! […] En France, quand tu dis que tu arrêtes de boire, tout le monde dit bouuuuuh.»
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> Artus a bien du courage. Dans la séquence, il laisse sous-entendre qu’il aurait eu, par le passé, des problèmes d’addiction avec l’alcool, la clope, et peut-être même autre chose. La réaction de Léa Salamé est décalée et montre sa méconnaissance, malgré le titre de son émission, de l’époque, justement. Cette volonté de vouloir rassembler les spectateurs autour d’une remarque blessante et le silence gêné qui a suivi sont tout simplement jouissifs. Il montre le point de rupture. Il montre que les blagues sur ceux qui arrêtent de boire ne font plus rire, qu’elles mettent mal à l’aise. Il montre que l’adhésion populaire aux valeurs françaises de la picole est en train de changer.
> Une décision prise et reprise tous les jours
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> Dans Sans alcool (Flammarion, 2021), la journaliste Claire Touzard racontait à quel point imposer son nouveau choix, celui de ne plus boire, a été pénible à faire accepter par sa famille (jusqu’à ce qu’ils finissent par lui servir du kombucha à table, après une année d’abstinence). Jour zéro de Stéphanie Braquehais (l’Iconoclaste, 2021) détaille aussi la décision difficile, mais pleinement consciente, de ne plus boire une goutte après un déclic. Dans le podcast «Vivons heureux avant la fin du monde», elle dit : «Je me réveille un matin, j’ai voyagé la veille, j’ai une sensation atroce de bouche pâteuse […] et un sentiment de honte indistincte, sans objet. […] Je me suis dit : je ne bois plus. J’arrête. […] Ce qui ne voulait pas dire que j’allais tenir. Qu’est-ce qui fait que je continue à arrêter ?»
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> Stéphanie Braquehais a raison : arrêter l’alcool est une chose, mais ce n’est jamais un arrêt définitif. C’est une décision prise et reprise tous les jours, tous les matins et tous les soirs, malgré les tentations, les occasions (innombrables), la banalisation toujours répétée et, bien sûr, les petites remarques comme celles de Salamé, si pesantes. Qui sait si, au moment où l’on vous compare à un moine, vous n’êtes pas en train de traverser une phase infernale de votre sevrage ? Affirmer sur un plateau de télévision que l’on se sent mieux parce qu’on a arrêté l’alcool devrait être accueilli avec des applaudissements et toute la bienveillance du monde. La non-picole est un choix, un art de vivre aussi – dans le cas d’Artus, c’est visiblement pour le mieux, car nous ne sommes pas tous égaux devant les substances, la raison, l’amour de soi et les chocs de la vie.
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> Bravo Artus.
eeeklesinge on
C’est ouf d’arriver à être aussi antipathique et conne à chaque occasion, même hors politique
dexterstrife on
Mais quelle conne sérieux…
BuddyDesigner3502 on
Qu’elle retourne interviewer Carlos Ghosn
Pichenette on
J’entends les propos de Salamé perso c’est bon elle est cataloguée comme alcoolo. « Nan mais si je bois pas je me fais chier », c’est évident : meuf, tu le sais sans doute pas, mais y a de grandes chances que tu sois alcoolique, faut te faire soigner — et je dis ça sans railler, c’est une maladie.
Mormuth on
Salamé c’est l’incarnation du conformisme, pas étonnant qu’au moindre pli de travers elle attaque. Je pense qu’elle ne se rend même pas compte d’à quel point ce qu’elle envoie comme pique peut être perçu comme des attaques justement vu à quel point elle a toujours vécu dans une existence de bourgeoisie confortable et assurée.
Je suis étonné de me percevoir du côté d’Artus vu l’image calamiteuse que j’avais de lui suite à son “sketch humoriste” sur le “gaybecois”, bravo Léa.
Less_Business4357 on
J’ai été très étonnée de la séquence également. Je pensais qu’on avait enfin compris que ne pas boire d’alcool, ne pas fumer et/ou vivre un mode de vie qui nous convient était toléré et plus jugé de façon si négative.
Djaaf on
Autant j’aime trop le Whisky et le bon vin à table pour envisager d’arrêter de boire de l’alcool de temps en temps, autant je comprendrai jamais les remarques à la con et la pression sociale sur le sujet.
A la limite, je vais poser la question du pourquoi, parce que je suis curieux (mais comme y a pas mal de réponses possiblement “personnelles”, je ne le ferais qu’avec des gens que je connais un peu), mais juger qqu’un la-dessus ? Je comprends pas bien le concept.
Utegenthal on
Je ne bois que très occasionnellement, et toujours en petites quantités. En général quand on refuse de l’alcool en soirée on a deux types de réactions: les gens qui s’en foutent et ne disent rien, et les gens qui vont faire ch…. avec des remarques à la con du style “bah quoi, tu es malade?” ou “allez, rien qu’un petit verre!”.
Au final ça permet de faire un beau tri dans les gens qu’on a envie de continuer à fréquenter et les gros cons dont on peut parfaitement se passer.
Xibalba_Ogme on
S’il y a une chose que j ai apprécié dans cette séquence, c est le blanc qui suivait les remarques de Salamé : ENFIN on passe a autre chose. Ce pays a longtemps eu un problème avec l’alcool, et on commence à le resoudre
Codex_Absurdum on
A force de fricoter avec le milieu mondain, tout ce qui en détonne vous paraît chiant…
14 Comments
> L’échange entre l’humoriste et la présentatrice de «Quelle Epoque» ainsi que le silence gêné qui a suivi sont révélateurs d’un changement profond dans la société française et rappellent que ne pas boire, ce n’est pas «être chiant».
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> Samedi soir, dans son émission Quelle Epoque !, l’humoriste Artus était invité à promouvoir son dernier film, Un petit truc en plus, une comédie qui se déroule dans une colonie de vacances pour personnes handicapées. Au moment où Léa Salamé lui demande quel est son «petit truc en plus» pour se blinder contre les angoisses, il répond tout de go : «J’ai fait plein de petits trucs en plus et ça va beaucoup mieux. J’ai arrêté de boire, j’ai arrêté de fumer.» La réaction de la présentatrice est sans appel : «Ah, vous êtes devenu chiant ! Non mais je veux dire, vous n’êtes plus angoissé mais vous êtes chiant.» S’ensuit un échange musclé où Artus défend sa décision : «Mais quoi ? Mais je vous emmerde ! […] En France, quand tu dis que tu arrêtes de boire, tout le monde dit bouuuuuh.»
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> Artus a bien du courage. Dans la séquence, il laisse sous-entendre qu’il aurait eu, par le passé, des problèmes d’addiction avec l’alcool, la clope, et peut-être même autre chose. La réaction de Léa Salamé est décalée et montre sa méconnaissance, malgré le titre de son émission, de l’époque, justement. Cette volonté de vouloir rassembler les spectateurs autour d’une remarque blessante et le silence gêné qui a suivi sont tout simplement jouissifs. Il montre le point de rupture. Il montre que les blagues sur ceux qui arrêtent de boire ne font plus rire, qu’elles mettent mal à l’aise. Il montre que l’adhésion populaire aux valeurs françaises de la picole est en train de changer.
> Une décision prise et reprise tous les jours
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> Dans Sans alcool (Flammarion, 2021), la journaliste Claire Touzard racontait à quel point imposer son nouveau choix, celui de ne plus boire, a été pénible à faire accepter par sa famille (jusqu’à ce qu’ils finissent par lui servir du kombucha à table, après une année d’abstinence). Jour zéro de Stéphanie Braquehais (l’Iconoclaste, 2021) détaille aussi la décision difficile, mais pleinement consciente, de ne plus boire une goutte après un déclic. Dans le podcast «Vivons heureux avant la fin du monde», elle dit : «Je me réveille un matin, j’ai voyagé la veille, j’ai une sensation atroce de bouche pâteuse […] et un sentiment de honte indistincte, sans objet. […] Je me suis dit : je ne bois plus. J’arrête. […] Ce qui ne voulait pas dire que j’allais tenir. Qu’est-ce qui fait que je continue à arrêter ?»
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> Stéphanie Braquehais a raison : arrêter l’alcool est une chose, mais ce n’est jamais un arrêt définitif. C’est une décision prise et reprise tous les jours, tous les matins et tous les soirs, malgré les tentations, les occasions (innombrables), la banalisation toujours répétée et, bien sûr, les petites remarques comme celles de Salamé, si pesantes. Qui sait si, au moment où l’on vous compare à un moine, vous n’êtes pas en train de traverser une phase infernale de votre sevrage ? Affirmer sur un plateau de télévision que l’on se sent mieux parce qu’on a arrêté l’alcool devrait être accueilli avec des applaudissements et toute la bienveillance du monde. La non-picole est un choix, un art de vivre aussi – dans le cas d’Artus, c’est visiblement pour le mieux, car nous ne sommes pas tous égaux devant les substances, la raison, l’amour de soi et les chocs de la vie.
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> Bravo Artus.
C’est ouf d’arriver à être aussi antipathique et conne à chaque occasion, même hors politique
Mais quelle conne sérieux…
Qu’elle retourne interviewer Carlos Ghosn
J’entends les propos de Salamé perso c’est bon elle est cataloguée comme alcoolo. « Nan mais si je bois pas je me fais chier », c’est évident : meuf, tu le sais sans doute pas, mais y a de grandes chances que tu sois alcoolique, faut te faire soigner — et je dis ça sans railler, c’est une maladie.
Salamé c’est l’incarnation du conformisme, pas étonnant qu’au moindre pli de travers elle attaque. Je pense qu’elle ne se rend même pas compte d’à quel point ce qu’elle envoie comme pique peut être perçu comme des attaques justement vu à quel point elle a toujours vécu dans une existence de bourgeoisie confortable et assurée.
Je suis étonné de me percevoir du côté d’Artus vu l’image calamiteuse que j’avais de lui suite à son “sketch humoriste” sur le “gaybecois”, bravo Léa.
J’ai été très étonnée de la séquence également. Je pensais qu’on avait enfin compris que ne pas boire d’alcool, ne pas fumer et/ou vivre un mode de vie qui nous convient était toléré et plus jugé de façon si négative.
Autant j’aime trop le Whisky et le bon vin à table pour envisager d’arrêter de boire de l’alcool de temps en temps, autant je comprendrai jamais les remarques à la con et la pression sociale sur le sujet.
A la limite, je vais poser la question du pourquoi, parce que je suis curieux (mais comme y a pas mal de réponses possiblement “personnelles”, je ne le ferais qu’avec des gens que je connais un peu), mais juger qqu’un la-dessus ? Je comprends pas bien le concept.
Je ne bois que très occasionnellement, et toujours en petites quantités. En général quand on refuse de l’alcool en soirée on a deux types de réactions: les gens qui s’en foutent et ne disent rien, et les gens qui vont faire ch…. avec des remarques à la con du style “bah quoi, tu es malade?” ou “allez, rien qu’un petit verre!”.
Au final ça permet de faire un beau tri dans les gens qu’on a envie de continuer à fréquenter et les gros cons dont on peut parfaitement se passer.
S’il y a une chose que j ai apprécié dans cette séquence, c est le blanc qui suivait les remarques de Salamé : ENFIN on passe a autre chose. Ce pays a longtemps eu un problème avec l’alcool, et on commence à le resoudre
A force de fricoter avec le milieu mondain, tout ce qui en détonne vous paraît chiant…
L’extrait : https://www.dailymotion.com/video/x8xmrfs
C’est amusant, cette partie a été coupé dans l’extrait que la chaîne a mis sur internet https://youtu.be/E4UWjx6IYEA?si=KAX1_Ig6RJnOeswI
Moi je faisais pipi dans les verres de ceux qui me disaient ça !
[Raphaël Gluksmann n’a qu’un seul défaut…](https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/man1781546094/arnaud-montebourg-segolene-royal-n-a-qu-un-seul-defaut)